Aujourd’hui, lorsque nous déambulons dans les centres villes, nous nous apercevons que les différentes enseignes proposent à la vente des biens produits très loins qui sont passés par plusieurs intermédiaires et sous-traîtants. Les marques sont davantage des revendeurs que de réels fabricants et nous n’avons aucune vue sur la chaîne dont sont issus ces objets, leur histoire, le savoir-faire qui a permis leur mise en forme ou encore le matériau à travers lequel ils existent, aucune idée de leur provenance hormis celle que l’on nous offre, la dernière : leur image en vitrine ou en rayon.
Lorsqu’un système comme le nôtre est fragilisé et marque une rupture, il faut alors revenir à ses fonctions primaires et les questionner, ce est qui essentiel pour pouvoir se développer et avancer à nouveau. Il s’agit d’un cycle perpétuel et nécessaire. Nous assistons aujourd’hui à une tendance de résilience qui passe par un retour à la terre, au refaire soi-même et également à se remettre en communauté, à favoriser le lien social et à faire, à construire ensemble.
Les systèmes alternatifs imaginés par les hippies, les shakers ou encore les castors peuvent nous aider à imaginer et construire la société de demain. La différence actuelle avec ces courants de pensée de l’histoire en marge de l’industrie et en réaction à son système (développés par des penseurs comme André Gorz, Pierre-Joseph Proudhon, Ivan Illich, John Ruskin, William Morris et Charles Fourier), est que nous intégrons pleinement le réseau et Internet pour s’augmenter économiquement, politiquement, socialement et écologiquement. Il s’agit donc d’une période de transition dans laquelle les nouveaux outils sont pris en compte, en opposition à une période de régression dans laquelle nous revenons également à des principes simples et vertueux mais par le biais de procédés archaïques.
De plus, fabriquer local ne signifie plus répondre à un besoin isolé puisque nous pouvons désormais partager et communiquer nos innovations, et même utiliser les nouvelles technologies pour créer localement (notamment grâce à l’open-source).
Cela peut donc s’appliquer à une nouvelle manière de penser la ville et de la fabriquer, en recréant dans son enceinte tout en sortant de l’artisanat et aspirer à un système à plus grande échelle, afin de remplacer le schéma de production existant (produire très loi en très grande quantité, nous proposons plutôt de produire sur place au cas par cas). Ainsi, il s’agit de réorganiser le travail et installer partout de petites micro-usines en nombre important, même chez soi, permettant de répondre à des besoins locaux par le biais de biens générés sur place et s’inscrivant en dehors des circuits classiques, plus proches de la demande et surtout avec les ressources du territoire. Les participants sont désignés comme des « makers » et il pourrait être intéressant de diffuser le modèle des Fablabs et ateliers collaboratifs déjà existants (NYBI à Nancy, TCRM Blida à Metz, AV.LAB, Shadock ou encore La Fabrique à Strasbourg).
Fabriquer notre matière en ville, végétale évidemment, car infiniment renouvelable par le biais de dispositifs de culture domestique comme le Farmbot. Pour aller plus loin, on peut imaginer créer notre propre matière la cultiver à petite échelle en ville en multipliants les points de culture comme le mycellium, et dans les espaces disponibles (en références aux carrières souterraines sous forme de champignnonnières en meules pour les champignons de Paris). Les plantes fibreuses connues pourraient aussi être cultivées chez soi, en permaculture avec d’autres espèces ou avec des légumes.