Elu à la tête de la coordination nationale des conseils de développement durable de la Métropole du Grand Nancy, Dominique Valck nous a accordé un entretien lors duquel nous avons abordé différents sujets ponctués de références, autour de l’aménagement des territoires et des systèmes économiques, par la participation des citoyens et l’utilisation des outils numériques.
Il mentionne notamment la loi d’orientation pour le développement durable de territoires dite loi Voynet, l’idée d’avoir dans les collectivités et communautés de communes, un organe de démocratie participative pour avoir un regard citoyen sur les documents de programmation (telles que les projets d’agglomération, plan de déplacements).
Dépendant de tout un tas de conditions suspensives, qui fait que les éléments ne sont pas mis en place, Nancy fait pourtant partie des communautés de communes qui a eu dans les premières villes, son conseil de développement comme l’on peut trouver à Nantes ou à Brest.
La loi NOTRE (Nouvelle Organisation Territoriale de la République) renforce le rôle de conseil de développement en les incitant à émettre des avis sur tous les documents de programmation et pas uniquement les plus importants, et qui a baissé le seuil (il suffit de 20 000 habitants pour en avoir une). Si la loi est appliquée, il devrait en avoir environ 700 en France.
Le conseil de Développement Durable de la Métropole du Grand Nancy a désormais 15 ans d’existence, cadre dans lequel le collectif s’est inventé tout un tas de responsabilités pour emmener les élus à agir autrement. Il s’est emparé d’un grand nombre de sujets très tôt, en amont des documents de programmation : le périmètre réglementaire actuel est celui de la métropole mais ils travaillent au-delà. Elle ne peut fonctionner que si elle a des synapses poreux connectés au reste des territoires pour générer de nouvelles solidarités entre eux, de nouvelles démarches alternatives au système linéaire actuel dont la société a besoin aujourd’hui.
Ils ont notamment mené une réflexion prospetive pour penser Nancy en 2050.
C’est un lieu de collaboration du projet de société par le mélange d’intelligence collective composé de différents collèges qui représentent plusieurs secteurs (entreprises, syndicats, politiques, citoyens etc) géré avec beaucoup d’humilité et d’empathie. Il comprend notamment Luc Schuiten (architecte belge inventeur de la cité végétale) proche de Vincent Calbeau, Patrick Viveret philosophe, chercheur qui travaille sur la batterie à flux continu (sur le mode de fonctionnement de la photosynthèse, question du biomimétisme dans la ville).
La difficulté est de sortir de la vision fantasmée de la ville de demain qui est cependant un passage obligé pour sortir des modes de vie que l’on connaît (rutpure culturelle). Il y a différentes visions de la ville : ils ont demandé aux différents acteurs d’écrire une histoire sur la journée modèle dans la ville de demain. Elle reprennent toutes 4 valeurs : mobilité, santé, relations intergénérationnelles et la nourriture. Le travail présenté pendant les moments d’inventions, les conteurs ont présenté les histoires devant les citoyens (édition qui a été publiée).
2 réflexions ressortent : inventer la ville de demain avec les gens qui ne la connaiteront pas, et par la population étudiante (dû à les présence de toutes les disciplines existantes). Ils leur ont alors proposé de travailler avec eux, en faisant évoluer la vision du monde que le conseil développe.
Il s’est écoulé 2 années généralistes où les personnes s’appropriaient les choses, faisaient de nouvelles propositions, la seule obligation pédagogique étant qu’aucune école n’avait le droit de travailler seule (ENSAIA, GEOL, IECA, Polytech, ENSA, Géographes, Sociologues).
Lors de la 3e année, les sujets se sont spécialisés : la sécurité alimentaire (échelle au délà de la métropole, ceinture nourricières) et la rue du Chaos dans l’idée du chaos créatif : la rue redevient un objet social, un lieu de rencontre avec des installations et des trottoirs larges (balades urbaines organisées avec des sociologues).
Lieux où pourraient éventuellement se développer l’agriculture urbaine, il pourrait aussi y avoir des habitations au-desssus des commerces (rue Saint-Jean). La question de l’association entre l’habitat et les lieux de production ou d’échange qui cohabitent et reprennent une place dans la ville (la ville de Lyon travaille dessus). Les TIGA sont également mentionnées (Territoires d’innovation de grande ambition) : projets ambitieux et utopies heureuses, comment-vivre la ville ensemble, quelle logistique veut-on avoir et quels désagréments sommes-nous prêts.
Voir les 4 émissions sur France culture sur les métropoles : comment sont-elles construites et comment organisent-on les aménagements, différentes couches qui se superposent et possèdent des relations entre elles.
Le conseil aimerait également travailler sur le temps des villes, il fait référence à une conférence de Marc Wiltz sur l’éloge de la lenteur : le champ des valeurs qui évoluent pour créer le monde en émergence passe par la ré-inversion des sacrés dans l’histoire de l’humanité : avant les sociétés étaient matriarcales, elles sont devenues masculines, il faudrait dans l’idéal qu’elle le redeviennent. Il existe en effet une compétition, des tensions entre les métropoles pourtant il n’y a pas de réels changements de place concernant les capitales économiques, il y a plutôt une coopération des territoires qui ne sont plus réellement physiques.
Justement, est-ce que la ville peut être un champ expérimentation de l’intelligence collectives ? Ré-ouvrir le champ des initiatives par le biais de la démocratie (méthode), il faut remettre en écriture les façons d’imaginer le projet de société. Par exemple, le conseil mène une réflexion sur la contribution PLU (droit du sol) : règle qui contraint le projet de société, réflexion : c’est au projet de société qui doit imposer les règles qui lui conviennent et pas l’inverse, tout un dossier a été développé autour de cette question.
Gouvernance : la question des Civiltech, comment recréer une intelligence à travers les outils numériques ? Il y a tout un mouvement qui se questionne autour de cela aujourd’hui. Derrière ces outils démocratiques il y a beaucoup de designers (créer des méthodes pour fabriquer un résultat est fondamental). Il faut quand même fabriquer au départ de l’action, on exprime et mesure de l’émotion alors que l’important est de la comprendre (notamment lorsque les usagers émettent des appréciations). Comment alors concilier les nouvelles technologies et les rapport humains ? Philippe Pégrin développe une vision du monde basée sur l’humanisme numérique.
En plantant intelligemment, trame verte et bleue, ce sont des outils de puissance économique car en intégrant la nature en ville on fait des économies ailleurs (source de chaleur).
Il aborde les réflexions sur la permaéconomie d’Emmanuel Delannoy : système permacole qui entretiennent et font augmenter la ressource que nous consommons (notamment lors de la création de biens) car aujourd’hui nous avons tendance à la détruire et d’Isabelle Delanoix, qui a écrit un livre sur l’économie symbiotique : pourquoi l’économie serait détachée de tous les systèmes intereliés ? (l’erreur est substantielle de la solution à trouver), des terrains d’applications où le citoyen a justement la main. A partir des outils mis en place, comment arrive-t-on à construire une économie (Local Shift).
La question des transports : Etude de l’Ecole d’Architecture pour créer une deuxième gare, lieu d’échange au niveau d’ARTEM avec un téléphérique : s’adapter au reliefs et différences topographies du territoire pour l’innovation urbaine de Nancy (voir quatrier Poblenou à Barcelone, Bordeaux).
Références et contacts :
documentaire Qu’est-ce qu’on attend ? de Marie-Monique Robin sur la commune d’Ingersheim en pleine transition vers le développement durable
Florain
groupe de chercheurs qui illustrent comment les choix d’achats et de nourriture peuvent influencer le paysage (INRA Laboratoire de Mirecourt transversal et pluridisciplinaire avec un antropologue qui analyse le paysage)
Michel Fick, ancien directeur de l’ENSAIA : création de ressourceries pour artistes à partir de matériaux récupérés (Philippe le Rouvillois : économie circulaire par la récupération de fenêtres en PVC), Gaspard Bergeret, Oliver Devillers, Pierre Didierjean, Sebastien Ramirez (architecte), Romain Pierronet.
24/11/17