Rencontres avec les acteurs du Grand Nancy : Bruno Cohen & Cyril Klein

Rencontre avec Bruno Cohen et Cyril Klein, porteurs du projet «nouvelles intelligences des territoires urbains» de la Métropole du Grand Nancy.

L’idée principale c’est de partir de la situation que l’on connaît, du constat que l’on fait tous sur les bouleversements que nous voyons dans la manière de penser, de produire, de fabriquer, d’échanger, de commercer, de se soigner : tous ces usages sont aujourd’hui traversés par les révolutions technologiques et l’automatisation majeure et quasi-globale des activités humaines. Il y a quelque chose qui a changé, on se sait pas quand démarre le changement et combien de temps il va durer : réfléchir ces transformations et transitions (sommes nous au début, au milieu ou à la fin, sommes-nous en sortis et sommes-nous donc dans un nouvel équilibre général ?)

C’est un premier objet de recherche et d’étude par la métropole, une intercommunalité qui compte 20 communes, qui décide de réfléchir à ces questions et aux conséquences de ces transformations, pas tant sur le plan des usages des uns et des autres, des services à développer mais davantage sur le sens de ces changements. Cela nous dit quoi et cela nous raconte quoi du monde ?
Les métropoles s’intéressent aujourd’hui au monde car il n’y a plus de frontière entre le local et le global. Une grande partie de la mission à laquelle ils sont attachés a à réfléchir à ces évolution et au sens qu’elles prennent. Ils fabriquent donc des outils de services de politique publique pour leur permettre d’appréhender ces transformations en cherchant notamment toute une série d’acteurs qui vont travailler sur ces questions.
Premièrement, travail d’acculturation à ces transformations, établir les conditions d’une réflexion partagée sur ces sujets avec la mise en place des ateliers de possibles. Deuxièmement, articuler les différentes communautés d’acteurs qu’ils connaissent et qu’ils voient pour voir dans quelles conditions ils peuvent coopérer et dans quelles conditions. Ils ont troisièmement développé des outils qui s’appellent les moments d’inventions, qui ont commencé en 2013 : outils qui servent à expérimenter, confronter qui ont pris la forme d’une grande exposition mettant en scène le travail d’artistes, des chercheurs et des entrepreneurs sur la question du monde urbain en 2050.
Comment faire la distinction entre monde urbain et monde humain intimement liés ?

En 2016, d’autres moments d’inventions (workshop de deux jours avec 400 personnes du territoire dont des artistes) sur le sujet des valeurs humanistes, sa place et son rôle dans la transformation notamment par le biais du numérique et de l’intelligence artificielle (protection des données, démocratie, le développement du capitalisme collectif). Ils ont été imaginé et conçu dans le cadre des ateliers des possibles.

Nouvelle édition en 2018 sur le thème de la greffe.

Contexte singulier dans l’histoire locale, notamment lors de l’Ecole de Nancy où il y avait déjà ces croisements entre entrepreneurs, industriels, commerciaux et artistes en province (remonte à la Déclaration de Nancy : territoire vivant en dehors de l’état). Cela s’incarne en effet dans toute une suite historique qui comprend aussi les travaux de Prouvé pour l’habitat, comité Nancy-Paris (avec Sadoul), groupe Bourbaki (créée par Mandelbrot, société secrète des mathématicien), premier congrès de cybernétique au monde ou encore le festival mondial du théâtre universitaire avec Jack Lang et Patrick Talbeau (ancien directeur de l’ENSAD qui a pensé ARTEM à partir de la charte de Souillac), qui s’inscrivent dans des valeurs humanistes.

Ils contribuent à renforcer la mythologie autour de l’Ecole de Nancy, mouvement qui a aussi provoqué des batailles et des échanges idéologiques, culturelles et politiques aux tournant du XXè siècle. Elle n’est pas aussi nette que cela en terme de posture, de réflexion et d’imagination mais beaucoup plus compliquée.

Il y a aussi dans d’autres villes ce genre d’initiatives comme à Nantes, expériences menées à travers Fin de siècle, machines de nuit, art contemporain : marqueur territorial puissant. Lille capitale européénne de la culture a aussi nourrir un imaginaire. Il existe ici un substrat de l’Ecole de Nancy, généalogie mais il manque encore quelque chose qui est en cours de construction : essayer de voir en quoi il y a une singularité. Dans un monde où travaillé par l’uniformisation des villes notamment des zones commerciales, ce qui fait la différence est le partimoine ancien des hypers-centres et la particularité topographique mais tout se ressemble beaucoup, quoi fabriquer pour sortir de la logique Smartcity (Barcelone, Saint-Etienne) et définir une réelle identité.

Les élus commencent seulement à s’appuyer sur leur travail pour envisager la construction de la métropole de demain. Autour de la ville auto-suffisante, comment territorialiser tout cela, à des choses qui existent dans la vraie vie. Fabcity est une communauté d’acteurs, comment ancrer cette expérience à Nancy ? A partir de la nous devenons un démonstrateur.

Ils travaillent notamment avec la 27è Région, l’Office, l’Observatoire de la Ville, Plateau urbain, et autres personnes invités à discuter sur tous les sujets (données, accès au savoir, pratiques en circuit court) : Valérie Peugeot, Dominique Verdon, Philippe Bauwens, Milad Doueihi, Philippe Pégrin (engagé sur la question d’Internet), Marc Crepon (département philosophie à Normal Sup), François Bellanger, Transitcity, Bernard Stiegler (philosophe qui veut expérimenter une forme d’utopie, il met en place une chaire d’économie contributive dans une commune en Seine Saint-Denis grâce au député Braouezec : en partant de principe qu’il faut modifier les rapports sociaux et économiques pour transformer le monde, ces rapports sociaux peuvent changer à partir du moment où nous ne sommes plus sujet d’un système mais que nous devenons contributeur, sur l’économie de la connaissance, être en capacité, à partir de nos expériences, partager et coopérer pour produire de la valeur abondante nous même, comment alors construire un îlot en dehors du monde à partir des comportements et attitudes des citoyens sur place, en analysant les freins et accélérations), le PIA, Rêves de scène et autres programmes d’innovation financés par Véolia, EDF, Engie pour développer des prototypes. Les expériences menées sont décortiquées et commentées afin d’être transposées.

Ils sont également en train d’imaginer la création d’une fondation en train d’être créé, abritée par l’Institut de France pour voir dans quel mesure des projets peuvent être soutenus (Paris-Nancy) sur le thème du numérique. Il existe également un département prospective à Lyon développé par Olivier Bourboin.
Ils ont également mentionné Laurent Roi, sur la question des métropoles et des territoires sur l’innovation, des projets partagés, participatifs sur la ville intelligente.

Leur mission consiste donc à évoquer à l’intérieur de l’administration, auprès de ceux qui ont la légitimité politique comme les élus, des initiatives locales comme Fabcity dans le but de les réunir et de les articuler pour les faire cohabiter.

http://www.grandnancy.eu/metropole-du-grand-nancy-accueil/
1/12/17

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